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El Capistrano
17 mars 2006

Le pavillon des suicidés

Au pavillon des suicidés
J'ai vu des gosses qui chialaient
Leur enfance était dévastée
Personne ne les comprenait
Leur regard pissait de détresse
jusqu'à s'en mutiler le corps
Comme des petits chiens sans caresses
A peine nés que déjà morts.
Au chenil des désespérés
Des femmes éventrées par l'amour
Essayaient de se raccrocher
A la pâle lueur du jour
Des vieillards qui pour en finir
S'étaient assassiné le coeur
Balbutiaient dans un pauvre lit
Des mots qui n'ont plus de valeur
Au chenil des désespérés
J'ai vu des mains tendues d'espoir
Personne pour les réchauffer
L'hôpital est un grand dortoir

Au pavillon des naufragés
Vieillards, femmes et petits enfants
N'ont pas voulu s'agenouiller
Rentrer bêtement dans les rangs
Au pavillon des oubliés
Je n'ai pas trouvé le bon dieu
Se serait-il embourgeoisé
Aurait-il peur d'ouvrir les yeux ?
Au pavillon du désespoir
Chaque détresse est un message
Quand on est au bout du couloir
Toute la vie est mise en cage.
A force de tricher pour survivre
Le monde crève sans amour
Faut-il mourir pour être libre
Afin de renaître au grand jour
La vie se perd dans le confort
Le fric nous a bouffé le coeur
Comment trouver un réconfort
Lorsque tout autour nous fait peur
Nous fait peur !
Chacun chez soi tenu en laisse
La porte mille fois verrouillée
A force de vivre sans tendresse
On finit tous par en crever
Pour vivre heureux vivons cachés.
Ne suffit plus à ces enfants
Qui n'ont commis qu'un seul péché
Celui d'avoir le coeur trop grand
Le coeur trop grand

Au pavillon des coeurs sensibles
Les humains se donnent la main
Ils ont atteint la même cible
Ils sont sur le même chemin
Les gens ne comprendront jamais
Que quand l'amour t'est interdit
Tu préfères mourir en secret
Fermer ta porte sans faire de bruit
Sans faire de bruit
jusqu'à souffrir, jusqu'à mourir
Seul jusqu'à faire saigner mon corps
Partir pour ne plus revenir
Loin de cette loi du plus fort

Au pavillon des suicidés
Chaque geste est un mot d'amour
Chaque regard est un baiser
Chaque sourire un nouveau jour
Un nouveau jour.
Et notre monde messieurs dames
N'en finit plus d'agoniser
A chaque jour, à chaque drame
La terre transpire de pitié
Vous qui jugez les pauvres gens
Regardez-vous petits bourgeois
A quoi peut bien servir l'argent
Quand on est seul dans son chez soi
Votre morale on n'en veut plus
Nous sommes fous de liberté
Nous allons refleurir les rues
Libérer tous les opprimés
Au pavillon des suicidés
J'ai vu des coeurs brûlants d'amour
Et ce sont eux qui m'ont donné
La force de me mettre debout.

(J.-M. Le Bihan - A. Perras/D. Pardo)

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